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Peintre et sculpteur français né en juillet 1901, Jean Dubuffet a marqué l’histoire de l’art. Inventeur du terme Art brut, concept qui rassemble les productions des non-initiés à l’art, il explore dans ses œuvres différentes techniques et utilise les matériaux les plus inattendus, graviers, ciment, ailes de papillons, pâtes épaisses, papiers journaux froissés…

En 1967, il débute la conception de la Tour aux figures qui deviendra une œuvre monumentale. Découvrez son histoire ci-dessous. 
Enfin, comme un avant-goût d’une visite in-situ, découvrez la Tour aux figures en visite virtuelle ! 

Une œuvre utopique, onirique et poétique

 Sans pain, l’homme meurt de faim, mais sans art, il meurt d’ennui.
Jean Dubuffet

 

Peintre et sculpteur français né en juillet 1901, Jean Dubuffet est un artiste contemporain de renommée internationale. Ce grand contestataire de l’ordre établi s’attache à n’obéir à aucune règle préétablie et a tenu toute sa vie à se considérer comme un amateur.  Passionné par les productions de non-initiés, il invente le terme d’Art Brut dont il sera le premier théoricien, et entame dès 1945 une collection aujourd’hui conservée à Lausanne. Par ses œuvres, il souhaite rattacher l’art à la vie courante, il s’inspire de sujets banals et quotidiens, et délaisse les sujets d’exception. 

Pour Jean Dubuffet l’art est partout et il le recherche tous azimut, tant dans sa réflexion sur l’Art Brut que dans sa pratique. Pour produire ses œuvres, il explore des techniques variées et utilise les matériaux les plus inattendus : graviers, ciment, ailes de papillons, pâtes épaisses, papiers journaux froissés, polystyrène expansé etc.  Ses productions sont organisées en cycles de plusieurs années : à chaque cycle correspond un ensemble d’œuvres unies par une thématique commune.

A partir de 1942 il se consacre à plein temps à l’art. Il s’intéresse dans un premier temps au sujet du quotidien, aux « hommes du commun », puis oriente son travail vers des recherches autour de la matière dans les années 1950. Entre 1962 et 1974 il crée le cycle de L’Hourloupe, dont fait partie la Tour aux figures. A la fin de sa vie, entre 1974 et 1985, Jean Dubuffet produit plusieurs séries d’œuvres très différentes et s’éloigne de plus en plus des représentations identifiables de personnages ou de lieux. En 1983, l’État lui commande une œuvre à bâtir dans Paris, qui deviendra la Tour aux figures. Jean Dubuffet décède en mai 1985, mais sa tour a été construite telle qu’il l’avait imaginée.

Chronologie

  • 1901 : Naissance au Havre 
  • 1918-1924 : Etudie l’art à l'Académie Julian de Paris et fréquente le milieu culturel. En 1924 il se détourne de la pratique artistique et commence une carrière de négociant en vin.
  • 1942 : Décide de se consacrer totalement à la peinture, après avoir recommencé à peindre dans les années 1930. Il fréquente à nouveau le milieu culturel parisien. 
  • 1942-1950 : Cycle d’œuvres de « l’homme du commun » : peintures et dessins ayant pour principal sujet la vie quotidiennes. Premières expérimentation de matériaux atypiques. 
  • 1948 : Définition de l'Art Brut 
  • 1964-1974 : Cycle d’œuvres de l'Hourloupe auquel appartient la Tour aux figures
  • 1974 : Constitution de la Fondation Dubuffet à Périgny-sur-Yerres puis en 1975 construction de la Closerie Falbala en ce même lieu 
  • 1975-1984 : A la fin de sa vie, Jean Dubuffet crée des séries d’œuvres très diverses, s’éloignant de plus en plus des représentations identifiables de personnages ou de lieux. 
  • 1983 : Commande de l’État français pour la Tour aux Figures 
  • 1985 : Décès de Jean Dubuffet à Paris
  • 1988 : Inauguration de la Tour aux Figures sur l'Ile-Saint-Germain
  • 2015 : Cession de l'oeuvre de l'Etat au Département des Hauts-de-Seine
  • 2020 : Réouverture après rénovation

Le cycle de l'hourloupe

La Tour aux figures s’inscrit dans le cycle de l’Hourloupe, monde imaginaire inventé par Jean Dubuffet, qui trouve son origine dans des dessins au stylo bille griffonnés sur une feuille en 1962. De ces hachures et aplats rouges, bleus, blancs et noirs découpés et posés sur un fond noir naissent des œuvres. Pour l’artiste peindre n’a d’intérêt que si c’est pour représenter ce qu’il désire voir et ne peut le faire autrement qu’en le réalisant lui-même.

L’artiste raconte dans son livre Biographie au pas de course, rédigé peu de temps avant sa mort, les mécanismes de l’Hourloupe : « Le mot Hourloupe était le titre d’un petit livre […] dans lequel figuraient, avec un texte en jargon, des reproductions de dessins aux stylo-bille rouge et bleu. Je l’associais par assonance, à “Hurler“, “hululer“, “loup“, “Riquet à Houppe“ et au titre “Le Horla“ du livre de Maupassant inspiré d’égarement mental ». 

Pour créer les œuvres de l’Hourloupe, Jean Dubuffet dessine spontanément des graphismes afin d’engager une réflexion sur le réel et l’imaginaire. En effet, par le mouvement de ces tracés il souhaite provoquer « une suractivation de la faculté de visionner dans leurs lacis toute sorte d’objets qui se font et défont à mesure que le regard se transporte, liant ainsi intimement le transitoire et le permanent, le réel et le fallacieux. ». 
En 1966, Jean Dubuffet découvre les possibilités du polystyrène expansé. Dès 1967 il abandonne la peinture et se consacre au travail en relief, réalisant des sculptures peintes alors que certaines de ses maquettes, comme celle de la Tour aux figures, deviennent de véritables édifices. Ainsi les spectateurs peuvent habiter les images et être confrontés en immersion au monde hourloupéen, les obligeant à une réflexion sur le réel et l’imaginaire. Il met en œuvre cette idée en construisant, pour son propre usage, entre 1970 et 1973 la Closerie Falbala dans le Val-de-Marne. Il poursuit ensuite sa réflexion jusqu’à créer un tableau animé en concevant son spectacle Coucou Bazar produit en 1973 à New York et à Paris. 

Ce cycle qui s’achève en 1974 représente la partie la plus spectaculaire de son œuvre.


Voir des œuvres de Jean Dubuffet ailleurs

À Paris, il est également possible de voir des œuvres de Jean Dubuffet au Centre Pompidou, à la Fondation Dubuffet et au MAD - Musée des arts décoratifs.

La Fondation Dubuffet

La Fondation Dubuffet a pour mission la protection, la diffusion et le rayonnement de l’œuvre de l'artiste. De nombreuses informations et ressources sur Jean Dubuffet sont accessibles sur le site internet de la Fondation.

Logo Fondation Dubuffet

Une œuvre utopique

 L’usager de cette demeure, à défaut d’autre luxe, y jouira d’une exceptionnelle profusion d’espace où se déplacer librement sans portes à passer. Avec le plaisir d’un habitat grimpant comme celui d’un mouflon.
Jean Dubuffet

La tour en quelques chiffres

24 m de hauteur
10 000 m2 de tissus de verre 
10 t de résine époxy 
25 t d'armatures métalliques
350 m3 de béton
70 t de plâtre projeté

Aux origines du projet

Avant d’être l’édifice monumental que nous connaissons aujourd’hui, la Tour aux figures a longtemps été une maquette en polystyrène expansée conçue en 1967 par Jean Dubuffet dans le cadre du cycle d’œuvres de l’Hourloupe. 
Dès cette date, l’aménagement et l’usage de la Tour aux figures font l’objet d’analyses très fouillées : La tour n’est déjà plus une sculpture mais une construction qui relève de l’architecture. Elle est d’ailleurs présentée dans l’ouvrage Edifices, consacré aux projets d’œuvres monumentales de l’artiste en 1968. Toutefois à ce moment-là l’artiste n’envisage pas d’agrandissement.

Quinze ans plus tard, en 1983 Jean Dubuffet choisit la Tour aux figures pour honorer la première commande publique faite par l’État français d’une œuvre à bâtir à Paris. 

Le choix d’un emplacement  n’est pas aisé, plusieurs sites sont envisagés puis abandonnés suite à de nombreuses protestations de riverains et polémiques (place d’Italie, parc de la Villette, parc de Saint-Cloud).  Plusieurs collectivités locales se portent alors volontaires pour accueillir la sculpture.
C’est ainsi que la proposition d’André Santini, maire d’Issy-les-Moulineaux, est retenue puis approuvée par Jean Dubuffet lui-même, lors de sa  visite de l’Île Saint-Germain en janvier 1985. A cette occasion, il recommande que la tour soit édifiée sur la petite butte où elle se trouve aujourd’hui.  Malgré le décès de l’artiste en mai 1985, la Tour aux figures est construite et installée telle qu’il l’a souhaitée.

Quelques dates clés
  • 1967 : Conception de la maquette de la Tour aux figures par Jean Dubuffet
  • 1983 : Commande passée par l’Etat (Centre national des arts plastiques) à Jean Dubuffet
  • Janvier 1985 : Choix de l’emplacement dans le parc de l’Île Saint-Germain 
  • Mai 1985 : Mort de Jean Dubuffet
  • 1986-1988 : Construction de la Tour aux figures
  • 1988 : Inauguration de la Tour aux figures
  • 1992 : Inscription aux monuments historiques 
  • 2008 : Classement au titre des monuments historiques
  • 2015 : Cession de l’œuvre de l’Etat au Département des Hauts-de-Seine
L'extérieur

Sur cet « épiderme » polychrome, des tracés s’imbriquent les uns dans les autres et donnent naissance à des corps et visages, figures « humaines ou non ». Sur la face sud, apparaît celle d’une femme en pied tandis que sur la face nord, deux têtes se superposent. Ailleurs, les formes composent d’autres figures, incertaines et fugaces qui se font et défont au gré du regard, marquant ainsi le caractère illusoire du monde que nous croyons réel. Avec cette œuvre, et ses tracés, Jean Dubuffet cherche aussi à traduire matériellement les cheminements rêveurs de la pensée, qui sont eux par essence immatériels.

L'intérieur : le Gastrovolve

La structure interne, est une longue montée qui s’épanouit par endroit en petites esplanades plus ou moins planes. Cette deuxième œuvre, intitulée par l’artiste le Gastrovolve, évoque la rotation, l’intimité viscérale d’un organisme. C’est un étonnant labyrinthe intérieur que les visiteurs sont invités à ressentir : ses parois peintes de tracés noirs sur fond blanc se découvrent par fragments. Le visiteur marche sur le sol peint, gravit ou redescend quelques marches, sans jamais en voir la totalité. Pour l’artiste, le Gastrovolve favorise la rêverie du promeneur solitaire et permet aux visiteurs d’entrer dans les images, d’en être acteur. Dans cet édifice sans fenêtre, la montée longue de 117 mètres évoque une promenade en montagne, coupée de paliers, de rampes qui conduisent sinueusement à une haute salle située au sommet.

Le Gastrovolve (face est), troisième maquette du conditionnement intérieur de la Tour aux figures.

La construction

La construction de la tour a été menée par l’Etat, par le biais du Centre national des arts plastiques, entre 1986 et 1988,avec l’appui de la Fondation Dubuffet  après ledécès de l’artiste en 1985.  Des techniques et matériaux complexes sont utilisés : béton armé, poutres métalliques, résine époxy, peinture polyuréthane mate et carton armé.
A l'extérieur, la tour est constituée de 90 panneaux en résine époxy, fabriqués et peints en atelier puis assemblés entre eux par collage et fixés à une ossature secondaire en tube.
A l'intérieur, les différents niveaux du Gastrovolve (œuvre dans l’œuvre et structure interne) sont en béton armé tandis que les murs intérieurs, plafonds et sols,  sont constitués d’un voile de plâtre  dont les formes et volumes ont été imaginés par Jean Dubuffet.  Enfin, des tracés noirs sur fond blanc ont été peints, selon les indications laissées par l’artiste.

Une restauration d’ampleur


En 2015, le Département des Hauts-de-Seine s’engage auprès de l’Etat à assurer la sauvegarde de la Tour aux figures, en échange d’un transfert de propriété. Le Département lance alors des travaux de rénovation, confiés à Pierre-Antoine Gatier, architecte en chef des Monuments historiques en concertation étroite avec la Fondation Dubuffet.

Ces travaux ont été réalisés avec le plus grand soin et la rigueur indispensable à la restauration d’une œuvre à la fois emblématique de l’art contemporain et classée Monument historique en 2008.

Cette ambitieuse opération de restauration s’est faite avec l’appui d’un comité scientifique composé d’experts de plusieurs institutions :

  • la Fondation Dubuffet
  • la Direction régionale des affaires culturelles
  • la Direction générale des patrimoine
  • le laboratoire de recherche des Monuments historiques 
  • le Centre de recherche et de restauration des Musées de France

L’opération de restauration a concerné :

  • la peinture de l'extérieur
  • le traitement du socle (étanchéité et revêtement du sol)
  • la réfection de l'éclairage extérieur pour une mise en lumière nocturne
  • l’aménagement des abords paysagers
  • la révision technique de l'intérieur de la tour en vue de la rouvrir au public

 

 


La restauration a permis de retrouver une œuvre au plus proche des volontés de l’artiste grâce à des études scientifiques et au savoir-faire de spécialistes. De véritables recherches scientifiques ont été menées sur les maquettes originales afin de reproduire exactement les formes et couleurs souhaitées par Jean Dubuffet.  L’extérieur a été peint par Richard Dhoedt, plasticien historique de Jean Dubuffet, qui l’accompagna de1968 à 1985. Il avait également participé à la construction de la Tour aux figures, après le décès de l’artiste.
L’environnement de la Tour aux figures n’a pas été oublié et  les abords paysagers ont été aménagés pour la mettre en valeurs. Ces travaux se sont inscrits dans une démarche de gestion différenciée des espaces verts et ont été conduits de manière à générer le moins de perturbations possibles dans ce site, refuge LPO et labellisé Eve®, espace vert écologique, depuis 2012.

Ressources sur l’histoire de la tour

De sa construction à sa restauration, plongez dans l'histoire de la tour grâce à plusieurs extraits de reportages et interviews. 

  • « La Tour aux figures de Jean Dubuffet », réalisation Patrick Thumerelle – Ville d’Issy-les-Moulineaux 
  • « Invitation à la découverte de la Tour aux figures », réalisation Département des Hauts-de-Seine 
  • « Dans les coulisses de la restauration de la Tour aux figures », réalisation Département des Hauts-de-Seine
  •  « Richard Dhoedt, une vie avec Dubuffet », réalisation Département des Hauts-de-Seine

Grâce à notre visite virtuelle, accédez aux différentes salles de la Tour aux figures.
Promenez-vous et perdez-vous virtuellement sans bouger de chez vous !